
Dans cette chronique ELISA (Entrepreneuses et Leadeuses Inspirantes en Sud-Avesnois), la Communauté de Communes Sud-Avesnois a choisi de mettre en avant des entrepreneuses du territoire.
Partons à leur rencontre !
Charlotte Martin ou la vie dans les bois
Dans son bureau, coule une rivière. Un banc improvisé avec des branches d’arbres, en pleine forêt. Bienvenue dans l’univers de Charlotte Martin. A l’orée du bois, une maison qui se construit patiemment mais sûrement, à quatre mains, parfois davantage : « on fait des chantiers participatifs… on a déjà construit un bateau, une roulotte… alors quand j’ai dit à mes amis qu’on partait construire notre maison de A à Z, ils n’étaient pas étonnés… c’était juste un projet de plus ! »
De l’art à l’artisanat
Née à Genève d’un père néerlando-suisse et d’une mère française, Charlotte Martin a passé une grande partie de son enfance en France, avant de travailler pendant 15 ans comme artiste professionnelle à Rotterdam, aux Pays-Bas. Diplômée des Beaux-Arts option éthique et philosophie, elle s’est peu à peu rapprochée de l’humain, de la nature, en un mot du vivant. C’est ainsi qu’elle intègre la haute-école de l’agriculture et des métiers verts de Wagenigen, l’AERES, et en ressort diplômée : professeure, éducatrice et coach dans le domaine du Bushcraft. L’école lui enseigne une éthique de la nature, questionne le rapport à la nature, au sauvage, avec des intervenants issus des Peuples du Grand Nord ou des Premières Nations. « Les Beaux-Arts m’ont apporté créativité et autonomie, mais ce n’est rien par rapport à ces deux ans à l’AERES : il y avait la théorie, la pratique, c’était très très riche, hyper vaste, presque trop ! » confie Charlotte Martin. Chaque porte ouverte mène à deux portes, qui elles-mêmes mènent à d’autres portes… le domaine du bushcraft paraît sans limites. Mais au fait, le bushcraft, qu’est-ce que c’est ?
Vivre dans et avec la nature
On pourrait traduire « bushcraft » par « art des bois ». Le bushcraft consiste à utiliser des compétences et connaissances souvent anciennes, voire ancestrales, afin de vivre dans la nature et avec le vivant, en les dérangeant le moins possible. A deux pas sans doute du « survivalisme », mais de l’autre côté du spectre : l’aspect spiritualiste, méditatif est très important, « même s’il y a aussi la question de la préparation, de la gestion d’une situation de crise, mais plus du côté sensible que militaire ». C’est aussi l’un des facteurs qui a motivé l’artiste dans sa découverte du bushcraft : une recherche d’autonomie, d’émancipation, face à la « dépendance au supermarché ». Et à la sortie de cette formation, la vie en ville semblait stérile, comme une impasse. Un besoin de campagne impérieux, tout en restant proche de Rotterdam. Et notre région verdoyante l’a séduite ! Un contact du Parc Naturel Régional de l’Avesnois lui parle d’Eppe-Sauvage, « tout à fait dans l’esprit de la démarche ». Une opportunité plus tard, les voici installés en lisière de forêt, supplément vue sur le bocage.
Charlotte Martin, qui a fondé les Sorties du Tohu-Bohu en mai 2025, s’est perfectionnée dans les arcs et les fibres végétales : « tous les végétaux ont leurs particularités, mais chacun peut nous servir, nous être utile. Il n’y a pas de mauvaise plante si on la connaît, pas un seul végétal qui n’a pas son intérêt ». Et quand elle nous montre ses réalisations, on ne peut qu’être ébahis : céramique en terre crue, sac ou gobelet en écorce de saule, cordes en fibres d’orties… Elle pratique aussi l’archéologie expérimentale, démarche scientifique qui consiste à expliquer – et à reproduire – la fabrication d’un objet ou d’un bâtiment par les hommes de l’époque. Une démarche qui a notamment séduit le forum antique de Bavay, qui a déjà fait appel aux Sorties du Tohu-Bohu pour des démonstrations.
Transmettre, partager, rencontrer
Ce qui passionne Charlotte, c’est d’abord, au-delà de faire faire, transmettre des manières de penser, d’envisager le vivant. Et à son arrivée en Sud-Avesnois, elle a très vite découvert d’autres figures féminines, dont certaines Elisa : Marie Servien, alias Feuille & Plume, avec qui elle propose des sorties bushcraft & écriture : « des moments très riches, où l’on entre vraiment dans l’intimité, sans doute parmi mes plus beaux souvenirs ». Avec les filles de l’association Pimpren’Elles également, dont elle est coprésidente : elles proposent balades exploratives, cueillettes de plantes sauvages, ateliers cuisine… Les rencontres se font aussi côté belge : elle travaille avec Iram Butt à « la forêt des savoirs », à destination des plus jeunes. Et toujours bien entendu, des propositions solos, comme les après-midi Tohu-bohu, les derniers dimanches du mois : un moment pour essayer plein de choses : reconnaître les arbres par le bruit du vent dans leurs feuilles ; fabriquer de la farine de gland sans tanin ; faire du feu avec du silex ; ou lire le paysage qui nous entoure. « Aujourd’hui il y a beaucoup d’engouement pour faire avec les mains, connaître les plantes à manger… ça va du bon côté ! »
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